Scène 5 revisitée
La
petite fille et le doudou marchent.
Doudou sort
sa tête du sac : Mais ce n’est pas par là la
maison !! Viens, faisons vite demi tour avant d’avoir d’autres
ennuis !
PF :
Oh !! Doudou !!! C’est que
j’aimerais bien rencontrer le vendeur de tickets gagnants !! On est si
près du but !!! Je suis sûre que ce n’est pas très loin !
Doudou :
Tu es incorrigible !!! On viens de se
faire escroquer et toi tu en redemandes !
PF :
Tu vois le mal partout ! Elle lui appuie sur la tête pour le
remettre dans le sac. Ce n’est pas grâce à toi qu’on va
être riches !
La
petite fillearrive devant une ferme. Elle est petite, mais bien tenue. A côté
de la ferme, une grange, un poulailler. Devant, un potager.
Une
femme, la trentaine, un peu bab, est en train de désherber le jardin. Elle est
vêtue de vieux vêtements amples pour le travail.
La
femme lui fait un signe de la main :
Bonjour !
Pf
s’approche doucement :
Bonjour…
La
femme, essoufflée.
La
femme : Ce n’est
pas souvent que je vois passer quelqu’un par ici. Es-tu venue me voir ?
Pf
: Euh…non
madame…pas vraiment… je remonte la rivière pour chercher un ticket de loto
gagnant.
La
femme : Un ticket
de loto gagnant !! Elle
rit. Quelle drôle d’idée ! Et pourquoi cherches-tu ce ticket ?
Pf
: Je voudrais que
maman n’ait plus besoin de travailler, et qu’elle reste jouer avec moi toute la
journée.
La
femme :Oh… Ta
maman travaille beaucoup n’est-ce pas ?
Pf
:Oui, tous les
jours…enfin pas le samedi ni le dimanche, mais ces jours là elle a quand même
beaucoup de travail à la maison, et puis elle est fatiguée, et quand elle est
fatiguée, elle n’a plus envie de jouer.
La
femme : Hmmm… Il
est tard tu sais. Le soleil ne va pas tarder à se coucher. Ce n’est pas très
prudent de se promener dans la nature la nuit, jeune fille. J’ai une petite
chambre pour les amis de passage. Ton doudou pourra y dormir aussi !
Elles
rentrent dans la maison.
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A
l’intérieur, simple, elles dinent.
Pf,
mangeant doucement, n’aime visiblement pas :Hmmm… Des brocolis….
La
femme : Oui, je
suis sûre que tu n’en as jamais mangé d’aussi bons ! Ce sont mes
brocolis, ceux que je vends au marché du village. Tu connaissais les brocolis,
évidemment ?
Pf,
grimaçant : oh
oui… il y en a tout le temps à la cantine…bah…Se reprend. Oh mais les vôtres sont
vraiment meilleurs !
La
femme : Demain je
te montrerai mes autres légumes. Je suis sûre d’en avoir que tu ne connais pas
! J’ai par exemple une grande variété de betteraves : les rouges bien-sûr, mais
aussi les blanches, très sucrées – elles servent d’ailleurs à faire du sucre !
- , les chioggias, qui sont rayées en rouge et blanc à l’intérieur, les
betteraves jaunes qui viennent du Québec, sont plus tendres. Enfin, je te
montrerai tout ça demain... Allez, si tu as fini, au lit ! Demain je me lève à
5h, je te réveillerai!
Pf,
pas ravie d’apprendre cette nouvelle, mais polie : Ah… 5h !!! Vous vous levez tous
les jours cette heure là ???
La
femme, enthousiaste :Eh
oui, les bêtes n’attendent pas ! Et encore demain ce n’est pas jour de marché !
Ces jours-là, je dois me lever à 4 h pour préparer mon stand.
Pf
: Bon… Je ne sais
pas comment vous faites pour vous lever si tôt tous les jours… Vous devez
gagner beaucoup d’argent en travaillant autant !
La
femme : Hmmm…Non, je n’en gagne pas tant que ça… Mais bien assez pour
vivre dans cette modeste maison et manger tu vois.
PF :
Vous aussi, vous seriez contente, si vous aviez le ticket de loto gagnant….
La
femme rit : C’est
gentil de penser à moi, jeune fille, mais j’ai choisi mon métier et je suis
très bien comme ça ! Je fais surtout ce qu’il me plait de faire !
Je
t’ai sorti une brosse à dents, brosses-toi les dents, je te prépare ton lit!
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Le
lendemain. Dans le potager (même décor que la scène du début).
La
femme : Alors ici
ce sont les betteraves dont je t’ai parlé hier. Je t’ai parlé de la betterave
crapaudine ? Elle en prend
une. Elle la
donne à la petite fille. Est-ce que tu comprends pourquoi on
l’appelle comme ça ?
Petite
fille retournant le betterave pour l’observer: Hmmm… elle a la même couleur que le
crapaud ? Fière d’avoir
compris. Et puis elle est toute fripée !
La
femme :C’est ça,
tu as compris ! Touche-la, on peut sentir les rides, les craquèlements.
Elle
continue son chemin, laissant la petite fille qui touche la betterave,
intéressée. La petite fille lève la tête et la suit pendant que la femme
continue de parler.
La
femme :Ici ce sont
les cucurbitacées. Là les courges, tu les reconnais… Les concombres… Les
melons….
Petite
fille : Les melons
?
La
femme :Eh oui, ils
sont de la même famille que les courges ! Mais ils sortent plus tôt !
D’ailleurs tiens, j’en vois qui sont à maturité, tu vas m’aider à les cueillir.
Pour
reconnaître ceux qui sont mûrs, tu t’aides de la couleur et de l’odeur : ils
sentent bon, et sont un peu plus pâles que les autres.
Lui
en montre un , le cueille. Elles cherchent ensemble des melons murs.
La
scène continue sans dialogue, la petite fille cueille des melons en
s’appliquant. Elles
rentrent, se mettent à table.
Déjeuner
sans paroles : la petite fille mange avec appétit, s’endort sur le
dessert.
La
femme la réveille.
La
femme : Allez,
maintenant il est l’heure d’aller s’occuper des poules !
Vont
vers le poulailler. La femme commente la visite.
Petite
fille, baille :Oh
! Elles
sont toutes en liberté ?
La
femme : Les coqs,
et les poules adultes, oui. Enfin, le terrain est clôturé, mais elles ont de
quoi se promener ! Comme tu vois, il y a là plusieurs races. Viens je vais te montrer
la nurserie !
Petite
fille : La
nurserie. Fait la grimace.
Hmm…mais ça pue !
La
femme rit: C’est
l’odeur de la nature, jeune fille ! Mais tu as raison, je n’ai pas nettoyé ce
poulailler depuis hier, il a besoin d’un petit coup de fraicheur. Tiens ! Lui tend un râteau. Tu
vas ramasser la paille sale, et quand tu auras fini, tu pourras mettre de la
paille fraiche !
Petite
fille, fait la grimace, regarde le râteau, et commence à ratisser de manière
malhabile. :
La
femme lui prend le râteau des mains et lui montre comment faire. La petite
fille prend le coup de main au fur et à mesure. Elle y prend du plaisir et est
fière d’y arriver.
La
paille est mise dans la nurserie.
La
femme : Tiens, va
donner le grain aux adultes dehors, je vais m’occuper des petits !
La
petite fille sort en trainant son lourd sac de grain.
La
nuit tombe, la scène se termine.
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Le
repas du soir. La petite fille a l’air exténuée. Elle mange de très bon
appétit.
Petite
fille : Est-ce que
je peux reprendre du gratin de chou ? J’ai une de ces faims !
La
femme : Mais
bien-sûr ! La ressert. Demain
matin je t’indiquerai le chemin pour rentrer chez toi, avant de partir
travailler.
Petite
fille : Demain ?
Mais je voulais t’aider à cueillir les courgettes pour le marché ! Et des
poussins doivent éclore demain ! J’aurai tellement aimé voir ça !
La
femme : Je suis
contente que le travail te plaise ! Mais tu dois aussi penser à ta maman ! Ca
fait longtemps que tu es partie, elle doit être folle d’inquiétude !
Petite
fille : Le travail
? Mais ce n’était pas du travail ça ! C’est tellement amusant !
La
femme : Ca peut
être ça , aussi, le travail…. Et puis tu sais, tu pourras refaire ça sans moi,
faire ton potager… Mais près de ta maman !
Petite
fille : Mais j’ai
encore des tas de choses à apprendre avec toi ! Je n’y arriverai pas toute
seule !
La
femme : Tu pourras
commencer avec ce que tu as appris, et revenir me voir, je serai ravie de
continuer à t’apprendre ce que je sais… Sauf que tu préviendras ta mère, la
prochaine fois que tu viens !
Petite
fille, triste, sort son doudou et le regarde : Oui…. Maman… Je n’y pensais même
plus… Elle doit me chercher partout… Je pourrai revenir, promis ?
La
femme :Promis.
Elles
vont se coucher.
Au
matin, la petite fille a son sac à dos, se jette dans les bras de la femme, qui
lui indique ensuite le chemin.